Histoire des années bissextiles

Les années bissextiles sont une composante essentielle de notre calendrier actuel, permettant de synchroniser le temps civil avec le temps astronomique. Mais comment en sommes-nous arrivés à ajouter un jour tous les quatre ans ? Plongeons dans l’histoire fascinante des années bissextiles.

Les premiers calendriers romains

Au VIIᵉ siècle avant Jésus-Christ, les Romains utilisaient un calendrier lunaire composé de 304 jours répartis en 10 mois. Ce système, bien que novateur pour l’époque, présentait des imprécisions notables par rapport à l’année solaire. Sous le règne de Numa Pompilius, le deuxième roi légendaire de Rome, le calendrier romain fut révisé pour inclure 355 jours répartis sur 12 mois, introduisant ainsi les mois de janvier et février.

La réforme julienne

En 46 avant Jésus-Christ, Jules César, assisté de l’astronome Alexandrin Sosigène, entreprit une réforme majeure du calendrier. Ils établirent que l’année solaire durait approximativement 365,25 jours. Pour corriger le décalage accumulé, le calendrier julien fut instauré, comptant 365 jours avec une année bissextile tous les quatre ans. Le jour supplémentaire était inséré après le 24 février, appelé « bis sextus« , signifiant « deux fois le sixième » jour avant les calendes de mars.

Les limites du calendrier julien

Bien que révolutionnaire, le calendrier julien comportait une légère inexactitude. L’année solaire réelle dure en fait 365,2422 jours, ce qui crée un écart d’environ 11 minutes et 14 secondes chaque année. Au fil des siècles, cette différence s’accumula, provoquant un décalage de 10 jours au XVIᵉ siècle. Ce désalignement affectait notamment la détermination des dates des fêtes religieuses, comme Pâques.

La réforme grégorienne

Face à ce décalage croissant, le pape Grégoire XIII décida de réformer le calendrier en 1575 pour réaligner le temps civil sur le temps astronomique ; naît alors le calendrier grégorien. Une commission d’astronomes et de mathématiciens, dont le médecin calabrais Luigi Lilio, fut chargée de proposer des solutions. Ils recommandèrent d’ajuster le système des années bissextiles en annulant trois années bissextiles tous les 400 ans.

Les nouvelles règles des années bissextiles

Le calendrier grégorien, mis en place en 1582, stipule que :

  • Une année est bissextile si elle est divisible par 4.
  • Les années séculaires (finissant par « 00 ») ne sont bissextiles que si elles sont divisibles par 400.

Ainsi, les années 1600 et 2000 furent bissextiles, tandis que 1700, 1800 et 1900 ne le furent pas. Cette correction réduit l’écart annuel à seulement 26 secondes, ce qui nécessite une journée d’ajustement tous les 3 323 ans environ.

La suppression des dix jours

Pour corriger le décalage accumulé de 10 jours, le pape ordonna une modification exceptionnelle du calendrier. Après le jeudi 4 octobre 1582, le lendemain fut le vendredi 15 octobre 1582. Cette suppression permit de rétablir l’équinoxe de printemps aux alentours du 21 mars, comme fixé lors du concile de Nicée en 325.

Adoption progressive du calendrier grégorien

Si les pays catholiques adoptèrent rapidement la réforme, les pays protestants et orthodoxes furent plus réticents. La France appliqua la modification en décembre 1582, tandis que l’Angleterre attendit 1752, supprimant alors 11 jours pour rattraper le décalage supplémentaire. La Russie n’adopta le calendrier grégorien qu’en 1918, après la Révolution d’Octobre.

Impact sur les sociétés et les cultures

La transition vers le calendrier grégorien ne fut pas sans heurts. Des mouvements de protestation émergèrent, certains citoyens exigeant qu’on leur « rende leurs jours ». Les fêtes religieuses et les événements saisonniers furent chamboulés, nécessitant une période d’adaptation.

Les années bissextiles aujourd’hui

De nos jours, le système des années bissextiles est bien établi et accepté mondialement. Il permet de maintenir la cohérence entre le calendrier civil et le cycle des saisons. Le prochain ajustement notable ne sera pas nécessaire avant plusieurs millénaires, grâce à la précision du calendrier grégorien.

Anecdotes historiques

  • Isaac Newton est né le 25 décembre 1642 selon le calendrier julien, mais cette date correspond au 4 janvier 1643 dans le calendrier grégorien.
  • Sur l’île de Foula dans les Shetland, certaines communautés célèbrent encore Noël et le Nouvel An selon le calendrier julien, respectivement les 6 et 13 janvier.

Synchroniser le temps civil avec le temps astronomique

L’histoire des années bissextiles reflète la quête humaine de synchroniser le temps civil avec le temps astronomique. Des premières observations romaines aux ajustements pontificaux, ces ajustements calendaires témoignent de l’importance accordée à la précision temporelle pour les activités religieuses, agricoles et sociales.

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