Calendrier républicain (ou calendrier révolutionnaire français)

Le calendrier républicain, également connu sous le nom de calendrier révolutionnaire français, fut instauré le 24 octobre 1793 par la Convention nationale. Cette réforme radicale du temps visait à rompre avec le passé monarchique et religieux de la France en établissant un système de datation en accord avec les idéaux de la Révolution française. Il marque le début de la nouvelle ère avec le 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la République, correspondant au 1er vendémiaire de l’an I. Chaque année est divisée en 12 mois de 30 jours, suivis de 5 ou 6 « jours complémentaires ». Le calendrier républicain a été utilisé jusqu’au 11 nivôse de l’an XIV (31 décembre 1805), date à laquelle le calendrier grégorien fut rétabli.

Origines et contexte historique

La rupture avec l’ancien régime

La Révolution française, débutée en 1789, cherchait à refonder la société française sur de nouvelles bases, en abolissant les institutions de l’Ancien Régime. Le calendrier grégorien, utilisé depuis des siècles, était imprégné de références religieuses et monarchiques. Les révolutionnaires souhaitaient donc créer un nouveau calendrier reflétant les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité.

Les premières propositions

Dès 1792, des voix s’élèvent pour proposer une refonte du système calendaire. Charles-Gilbert Romme, mathématicien et député à la Convention, est chargé de présider la commission chargée de créer le nouveau calendrier. Il collabore avec des savants tels que Joseph-Louis Lagrange et Gaspard Monge pour élaborer un système rationnel et universel.

Les principes du calendrier républicain

Une année découpée en mois égaux

Le calendrier républicain divise l’année en 12 mois de 30 jours chacun, totalisant 360 jours. Les cinq ou six jours restants, appelés « jours complémentaires » ou « sans-culottides« , sont ajoutés à la fin de l’année pour correspondre à la durée réelle de l’année solaire.

Les mois et leur symbolique

Chaque mois est renommé pour refléter les caractéristiques saisonnières de la nature en France. Les noms sont créés par le poète Fabre d’Églantine :

  • Automne :
    • Vendémiaire (22 septembre – 21 octobre) : mois des vendanges
    • Brumaire (22 octobre – 20 novembre) : mois des brumes
    • Frimaire (21 novembre – 20 décembre) : mois des frimas
  • Hiver :
    • Nivôse (21 décembre – 19 janvier) : mois de la neige
    • Pluviôse (20 janvier – 18 février) : mois des pluies
    • Ventôse (19 février – 20 mars) : mois des vents
  • Printemps :
    • Germinal (21 mars – 19 avril) : mois de la germination
    • Floréal (20 avril – 19 mai) : mois des fleurs
    • Prairial (20 mai – 18 juin) : mois des prairies
  • Été :
    • Messidor (19 juin – 18 juillet) : mois des moissons
    • Thermidor (19 juillet – 17 août) : mois de la chaleur
    • Fructidor (18 août – 16 septembre) : mois des fruits

Les Jours de la Décade

Au lieu de semaines de sept jours, le calendrier républicain adopte une division en « décades » de dix jours. Chaque jour est nommé :

  1. Primidi
  2. Duodi
  3. Tridi
  4. Quartidi
  5. Quintidi
  6. Sextidi
  7. Septidi
  8. Octidi
  9. Nonidi
  10. Décadi

Le « décadi » est le jour de repos, remplaçant le dimanche.

Les saints remplacés par des éléments naturels

Afin de laïciser le calendrier, les noms des saints sont remplacés par des noms de plantes, d’animaux, d’outils ou de minéraux. Chaque jour célèbre un élément de la nature ou de l’agriculture, rendant hommage au travail et à la vie rurale. Par exemple, le 1er Vendémiaire est dédié au raisin, le 2 au safran, le 3 à la châtaigne, etc.

Les Jours Complémentaires

À la fin de l’année, les « jours complémentaires » sont ajoutés pour aligner le calendrier sur l’année solaire :

  • La Fête de la Vertu
  • La Fête du Génie
  • La Fête du Travail
  • La Fête de l’Opinion
  • La Fête des Récompenses
  • La Fête de la Révolution (ajoutée les années sextiles)

Mise en Œuvre et Adoption

L’An I de la République

Le nouveau calendrier prend effet rétroactivement à partir du 22 septembre 1792, date de la proclamation de la Première République. Cette date marque le début de l’An I du calendrier républicain, coïncidant avec l’équinoxe d’automne.

Application dans la société

Le calendrier républicain est utilisé dans les documents officiels, les actes civils et les publications. Les horloges et les montres sont adaptées pour afficher le temps décimal, divisant la journée en 10 heures, chaque heure en 100 minutes et chaque minute en 100 secondes.

Les défis et les critiques

Difficultés pratiques

La transition vers le nouveau calendrier rencontre des résistances. La population, majoritairement rurale et attachée aux traditions, peine à adopter ces changements. Les habitudes religieuses, les foires et les marchés, calés sur l’ancien calendrier, sont perturbés. Les paysans ont du mal à s’adapter aux nouvelles divisions du temps.

Opposition religieuse et politique

Le calendrier républicain est perçu comme une attaque contre la religion chrétienne. Les clergés catholique et protestant s’opposent à cette laïcisation du temps. De plus, les pays voisins continuent d’utiliser le calendrier grégorien, compliquant les relations diplomatiques et commerciales.

Problèmes d’Alignement Astronomique

Malgré l’intention de baser le calendrier sur des phénomènes astronomiques, des erreurs subsistent dans le calcul des années bissextiles (ou « années sextiles »), ce qui provoque des incohérences dans le calendrier à long terme.

Abandon et héritage

Suspension sous le consulat

En 1802, sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, le repos dominical est rétabli, marquant un premier recul du calendrier républicain. Les nécessités économiques et sociales poussent à un retour progressif aux anciennes pratiques. Les fêtes religieuses retrouvent progressivement leur place.

Abrogation définitive

Le calendrier républicain est officiellement aboli le 1er janvier 1806 (11 Nivôse an XIV). Napoléon rétablit le calendrier grégorien pour faciliter les échanges internationaux et apaiser les tensions religieuses. Le temps décimal est également abandonné.

Tentatives de rétablissement

Le calendrier républicain connaît de brèves résurgences lors de la Commune de Paris en 1871 et dans certains mouvements révolutionnaires, mais sans adoption officielle durable. L’an 79 (ou An LXXIX) du calendrier républicain correspond à la période pendant laquelle ce calendrier a été rétabli dans les années 1870 et 1871 du calendrier grégorien.

Influence culturelle

Héritage linguistique

Certains noms de mois, comme « Thermidor » ou « Germinal« , ont été immortalisés dans la littérature et l’histoire. « Thermidor » est associé à la chute de Robespierre, et « Germinal » est le titre du célèbre roman d’Émile Zola.

Études historiques

Le calendrier républicain est étudié comme symbole de la volonté révolutionnaire de refondre la société. Il illustre les aspirations utopiques de cette période et les défis de la mise en œuvre de changements radicaux.

Collections et objets d’art

Les horloges et les montres au temps décimal sont aujourd’hui des objets rares et recherchés par les collectionneurs. Elles témoignent de cette époque unique où même la mesure du temps fut réinventée.

Anecdotes et faits intéressants

Les mariages et naissances sous le calendrier républicain

Les actes d’état civil rédigés durant cette période utilisent les dates républicaines, ce qui peut compliquer les recherches généalogiques. Les historiens et les généalogistes doivent souvent convertir les dates pour les situer dans le calendrier grégorien. Voir ci-dessous le tableau de concordance entre les calendriers républicain et grégorien.

Les difficultés des transactions commerciales

Les marchands et les banquiers éprouvaient des difficultés à tenir les comptes et les échéances avec le nouveau système décimal, entraînant des confusions et des erreurs dans les transactions.

La résistance des horlogers

Les horlogers furent réticents à fabriquer des montres au temps décimal, compte tenu de la complexité et du faible intérêt du public. La plupart des horloges publiques restèrent au système traditionnel de 24 heures.

Une période tumultueuse avec une volonté de rupture avec le passé

Le calendrier républicain représente une tentative audacieuse de révolutionner le rapport au temps, en accord avec les idéaux de la Révolution française. Bien qu’éphémère, cette réforme témoigne de l’effort pour créer une rupture totale avec le passé et instaurer une nouvelle société basée sur la raison et la nature. Son étude offre un éclairage unique sur les aspirations, les innovations et les défis de cette période tumultueuse de l’histoire de France.

Décade et Décadence, quel lien entre les deux termes ?

Bien que les mots « décade » et « décadence » partagent une racine latine commune liée au concept de chute ou de dix, ils ont des significations et des usages distincts.

  • Dans le contexte du calendrier républicain : les « décades » sont simplement des divisions du temps basées sur le nombre dix, sans connotation de déclin ou de détérioration.
  • Décadence et perception du calendrier : certains critiques de l’époque ont pu considérer le calendrier républicain comme une marque de « décadence » culturelle ou morale, estimant qu’il rompait avec des traditions importantes. Cependant, ce lien est interprétatif et non structurel.

Parallèle avec le temps présent

Le calendrier républicain, instauré en 1793 lors de la Révolution française, symbolisait une volonté de rupture radicale avec l’Ancien Régime, en effaçant les références religieuses et en redéfinissant le temps selon une logique laïque et rationnelle. Pourtant, malgré l’enthousiasme initial, il a rapidement sombré dans l’oubli, incapable de s’imposer face aux traditions profondément ancrées et aux réalités pratiques. Aujourd’hui, nous observons une dynamique similaire : de nouveaux courants idéologiques cherchent à remodeler notre société, en particulier à travers l’écologie radicale et l’immigrationnisme, effaçant progressivement les valeurs chrétiennes et culturelles qui ont longtemps structuré l’Europe.

Sous couvert de préoccupations environnementales, ces mouvements s’accompagnent d’une tentative d’effacement des valeurs chrétiennes et des fondements identitaires nationaux. L’écologie devient le prétexte à une réécriture de nos modes de vie, de notre consommation, et surtout de notre rapport à la nature, dans une perspective qui, souvent, laisse peu de place à l’héritage spirituel et culturel européen.

Parallèlement, l’immigrationisme exacerbé tend à diluer les valeurs profondes qui ont façonné l’identité chrétienne et culturelle de la France et de l’Europe. Loin d’une simple adaptation aux enjeux actuels, ces mouvements cherchent à substituer un modèle nouveau, rompant avec des siècles de tradition et de repères. Ce qui est frappant, c’est que ces propositions, loin de se contenter de réformer, visent une refonte totale de nos sociétés, rappelant par bien des aspects la révolution culturelle du calendrier républicain.

Ces propositions, tout comme le calendrier républicain, aspirent à un changement profond de nos modes de vie, mais se heurtent à la résistance d’un héritage millénaire. Si le calendrier républicain n’a pas su durer, ces mouvements contemporains connaîtront-ils le même sort ou parviendront-ils à transformer durablement nos sociétés ?

Tableau sommaire de concordance entre les calendriers républicain et grégorien

A l’époque, tout bon républicain devait avoir un outil de conversion entre le calendrier grégorien et le nouveau calendrier républicaine.

Voici un tableau de concordance partiel des calendriers. Colonnes : chaque colonne représente une année républicaine, numérotée de I à XIV. Lignes : chaque ligne correspond au 1er jour d’un mois du calendrier républicain. Le calendrier républicain étant basé sur le cycle solaire, il a nécessité des ajustements annuels pour rester aligné avec le calendrier grégorien. Les dates grégoriennes correspondant au 1er jour de chaque mois républicain peuvent donc varier légèrement d’une année à l’autre.

Année
républicaine
I
(1792)
II
(1793)
III*
(1794)
IV
(1795)
V
(1796)
VI
(1797)
VII*
(1798)
VIII
(1799)
IX
(1800)
X
(1801)
XI*
(1802)
XII
(1803)
XIII
(1804)
XIV
(1805)
1er vendémiaire 22 sep. 22 sep. 22 sep. 23 sep. 22 sep. 22 sep. 22 sep. 23 sep. 23 sep. 23 sep. 23 sep. 24 sep. 23 sep. 23 sep.
1er brumaire 22 oct. 22 oct. 22 oct. 23 oct. 22 oct. 22 oct. 22 oct. 23 oct. 23 oct. 23 oct. 23 oct. 24 oct. 23 oct. 23 oct.
1er frimaire 21 nov. 21 nov. 21 nov. 22 nov. 21 nov. 21 nov. 21 nov. 22 nov. 22 nov. 22 nov. 22 nov. 23 nov. 22 nov. 22 nov.
1er nivôse 21 déc. 21 déc. 21 déc. 22 déc. 21 déc. 21 déc. 21 déc. 22 déc. 22 déc. 22 déc. 22 déc. 23 déc. 22 déc. 22 déc.
1er pluviôse 20 janv. 20 janv. 20 janv. 21 janv. 20 janv. 20 janv. 20 janv. 21 janv. 21 janv. 21 janv. 21 janv. 22 janv. 21 janv. 21 janv.
1er ventôse 19 fév. 19 fév. 19 fév. 20 fév. 19 fév. 19 fév. 19 fév. 20 fév. 20 fév. 20 fév. 20 fév. 21 fév. 20 fév. 20 fév.
1er germinal 21 mars 21 mars 21 mars 21 mars 21 mars 21 mars 21 mars 22 mars 22 mars 22 mars 22 mars 22 mars 22 mars 22 mars
1er floréal 20 avril 20 avril 20 avril 20 avril 20 avril 20 avril 20 avril 21 avril 21 avril 21 avril 21 avril 21 avril 21 avril 21 avril
1er prairial 20 mai 20 mai 20 mai 20 mai 20 mai 20 mai 20 mai 21 mai 21 mai 21 mai 21 mai 21 mai 21 mai 21 mai
1er messidor 19 juin 19 juin 19 juin 19 juin 19 juin 19 juin 19 juin 20 juin 20 juin 20 juin 20 juin 20 juin 20 juin 20 juin
1er thermidor 19 juil. 19 juil. 19 juil. 19 juil. 19 juil. 19 juil. 19 juil. 20 juil. 20 juil. 20 juil. 20 juil. 20 juil. 20 juil. 20 juil.
1er fructidor 18 août 18 août 18 août 18 août 18 août 18 août 18 août 19 août 19 août 19 août 19 août 19 août 19 août 19 août

Exemple de lecture du tableau :

  • 1er Vendémiaire An II (1793) : Correspond au 22 septembre 1793 dans le calendrier grégorien.
  • 1er Nivôse An IV (1795) : Correspond au 22 décembre 1795 dans le calendrier grégorien.
  • 1er Germinal An VII (1798) :* Correspond au 21 mars 1798 dans le calendrier grégorien.

Note importante : les années marquées d’un astérisque (*) sont les années sextiles du calendrier républicain, équivalentes aux années bissextiles dans le calendrier grégorien. Elles comptent un jour supplémentaire appelé « jour de la Révolution » ajouté aux cinq jours complémentaires.

Table complète de conversion entre les calendriers républicain et le calendrier grégorien

Merci à Généalogie Pratique pour la table de conversion.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *