Calendrier aztèque

Les Aztèques, civilisation florissante dans l’actuel Mexique avant l’arrivée des colons espagnols, utilisaient un système calendaire complexe et riche en symbolisme. En réalité, ils avaient mis en place non pas un, mais deux calendriers distincts, chacun servant à des fins différentes. Ces calendriers, bien qu’ayant des fonctions spécifiques, interagissaient l’un avec l’autre et rythmaient la vie religieuse, politique et agricole des Aztèques.

Le Tonalpohualli : le calendrier divinatoire sacré

Le Tonalpohualli, littéralement « le compte des jours », était un calendrier sacré de 260 jours utilisé principalement pour des fins divinatoires. Il servait à prédire l’avenir et le destin des personnes, notamment en fonction de leur jour de naissance, ainsi qu’à déterminer les moments propices pour les rituels religieux ou les décisions importantes.

Structure du Tonalpohualli

Le Tonalpohualli est basé sur un cycle de 20 signes (ou « jours ») associés à un nombre de 1 à 13. Ainsi, chaque jour était représenté par une combinaison d’un symbole et d’un nombre. Puisque 20 multiplié par 13 donne 260, ce cycle recommençait après 260 jours.

Les 20 signes utilisés dans le Tonalpohualli étaient associés à des éléments naturels, des animaux ou des objets symboliques. Voici quelques exemples de ces signes :

  1. Crocodile (Cipactli)
  2. Vent (Ehecatl)
  3. Maison (Calli)
  4. Lézard (Cuetzpalin)
  5. Serpent (Coatl)
  6. Mort (Miquiztli)
  7. Cerf (Mazatl)
  8. Lapin (Tochtli)
  9. Eau (Atl)
  10. Chien (Itzcuintli)

Chaque combinaison de signe et de nombre conférait au jour une signification unique, utilisée pour guider les prêtres aztèques dans leurs prédictions. Les Aztèques croyaient fermement que le jour de naissance d’une personne influençait son destin, et ce calendrier était central dans les cérémonies religieuses et les consultations astrologiques.

Le Xiuhpohualli : le calendrier solaire

En parallèle du Tonalpohualli, les Aztèques utilisaient également un calendrier solaire, appelé Xiuhpohualli, qui servait à organiser leur vie agricole et civile. Ce calendrier était principalement lié au cycle des saisons et au cycle solaire, déterminant les moments de plantation, de récolte et de célébrations importantes.

Structure du Xiuhpohualli

Le Xiuhpohualli était composé de 18 mois de 20 jours, totalisant ainsi 360 jours. À cela, les Aztèques ajoutaient un mois supplémentaire de 5 jours néfastes, appelé Nemontemi ou Nemomtoni, pour ajuster l’année à 365 jours, proche de l’année solaire réelle.

Les 18 mois avaient chacun des noms spécifiques et correspondaient à différentes périodes de l’année. Voici quelques exemples de ces mois :

  1. Atlacahualo (fin des sécheresses) – mois consacré aux prières pour la pluie.
  2. Tozoztontli – mois de récolte du maïs.
  3. Huey Tecuilhuitl – mois de grandes festivités en l’honneur des divinités.
  4. Ochpaniztli – mois de la purification des temples.
  5. Panquetzaliztli – mois des offrandes aux dieux guerriers, en particulier Huitzilopochtli.

Les 5 jours additionnels, appelés Nemontemi, étaient considérés comme des jours néfastes et porteurs de malheur. Durant ces journées, les Aztèques évitaient toute activité importante, croyant que ces jours étaient instables et dangereux. C’était une période de repos et de purification avant de commencer une nouvelle année.

L’interaction des deux calendriers

Ces deux calendriers, bien qu’indépendants dans leur fonction, étaient conçus pour s’entrecroiser dans un cycle plus grand. Le Tonalpohualli et le Xiuhpohualli s’alignaient tous les 52 ans, créant un cycle sacré appelé Xiuhmolpilli, ou « liage des années ». Ce cycle de 52 ans était extrêmement important pour les Aztèques, car ils croyaient qu’à la fin de chaque cycle, le monde pouvait potentiellement prendre fin s’il n’était pas renouvelé par des rituels appropriés.

Tous les 52 ans, une grande cérémonie appelée le Feu nouveau (Toxhiuhmolpilia) était organisée. Durant cette période, toutes les activités cessaient, les feux domestiques étaient éteints et les temples restaient silencieux. Le soir du dernier jour, un nouveau feu était allumé sur la poitrine d’un sacrifié, et les flammes étaient ensuite réparties dans toute la ville pour symboliser le renouveau et la continuité de la vie.

Les usages du calendrier dans la société aztèque

Le Tonalpohualli était utilisé par les prêtres, appelés tonalpouhqueh, pour interpréter les jours et déterminer les moments propices ou dangereux pour diverses activités : naissances, mariages, batailles, ou sacrifices. Chaque jour du calendrier avait une influence particulière sur les événements qui se déroulaient, et le choix des jours était essentiel pour éviter la malchance.

Le Xiuhpohualli, quant à lui, guidait les activités quotidiennes et agricoles des Aztèques. Il définissait le moment où il fallait planter, récolter, organiser des fêtes religieuses ou partir en guerre. Ce calendrier solaire garantissait que les cycles naturels, notamment les cycles de l’agriculture, étaient respectés.

Le calendrier aztèque : une double structure pour organiser le temps et la destinée

Le système calendaire aztèque, avec ses deux calendriers distincts mais complémentaires, révèle une civilisation profondément connectée aux cycles de la nature et des astres. Le Tonalpohualli, par son aspect divinatoire, témoignait de la vision cosmique des Aztèques et de leur croyance en un destin prédéterminé influencé par les astres. Le Xiuhpohualli, plus pratique, régissait la vie quotidienne, en particulier les activités agricoles essentielles à la survie de la société.

L’interaction entre ces deux calendriers, ponctuée par le cycle sacré de 52 ans, démontre l’importance de l’astronomie et de la spiritualité dans la société aztèque. Ce système complexe continue de fasciner les historiens et les archéologues, nous offrant un aperçu unique de la manière dont les Aztèques comprenaient et organisaient le temps.

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